Issus du même père, portés par le même sein,
La nature a mis le même sang dans nos veines,
Marqués dans le « Grand Livre » par le même nom,
Nous sommes frères par la chair et par la loi.
Mais Mère Nature n'a point été impartiale,
Elle a fait de toi, ô mon frère, un vigoureux homme,
Puis, lasse, comme un artiste après un chef-d'œuvre,
Se contenta de faire une toute petite fille fragile.
Ton regard est fermé, sombre, insondable,
Mon air est rieur, inconscient, irréfléchi,
Tu ne me parles jamais, je ne te cache rien,
Un même toit nous unit, une existence nous sépare.
Ton regard me raille, il ne me parle pas...
Si tu es heureux, donne-moi la clé du bonheur,
Si tu ne l'as pas trouvée, confie-moi ta peine,
Unissons nos souffrances, nous serons plus forts ;
Tu seras mon ami, je serai ta confidente...
Non! L'abîme ténébreux de tes secrets me reste fermé,
A jamais tu veux être un étranger pour moi,
Mais le sang crie, tu es mon frère...